lundi 25 février 2013

L'EPFL va numériser les archives de Venise

Article de l'agence télégraphique suisse publié sur le site du journal 20 minutes

L'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne et l'Université Cà Foscari de Venise ont paraphé samedi dans la Cité des Doges la création d'un centre de recherches commun sur les "humanités digitales".

Patrick Aebischer a présenté samedi le programme commun de l'EPFL et de l'Université CA'Foscari de Venise (photo: EPFL)
Baptisé «Joint Research Center for Digital Humanities and Future Cities in Venice», ce projet est hébergé dans le Telecom Italia Future Centre et bénéficiera des compétences et infrastructures de l'opérateur, ont indiqué les responsables devant la presse. Il se situe à l'interface de l'informatique et des sciences humaines.

L'accord a été signé par le recteur de l'Université Cà Foscari Carlo Carraro et le président de l'Ecole Polytechnique Fédérale de Lausanne (EPFL) Patrick Aebischer. Celui-ci a estimé que les technologies actuelles sont à même de transformer la collaboration entre disciplines humaines et scientifiques.

Parmi les premiers projets qui seront développés figurent la digitalisation des archives, le développement de nouvelles modalités d'usage des contenus artistiques et culturels, la gouvernance des systèmes urbains, ou encore les «smart cities» du point de vue des biens artistiques et culturels.

L'EPFL dispose depuis l'été dernier en première Suisse d'un Laboratoire d'humanités digitales sous la direction du Pr Frédéric Kaplan. Il a pour mission d'appliquer le savoir-faire des sciences de l'information aux questions de sciences humaines et sociales. En 2013 et en 2014, d'autres chaires du même type devraient suivre à Berne et Lausanne.

Sur le même sujet voir également l'excellent article de Olivier Dessibourg sur le site du journal Le Temps

lundi 18 février 2013

Connaissez-vous l'histoire du Spritz ?


Texte de Rodolfo Moro, tiré du site de la Cantina La Costa et librement traduit par Aldo


Il y a celui qui lui donnent son nom officiel Spritz, celui qui utilise la version abrégée Spriz, celui qui le surnomme Spriss et celui qui le baptise amoureusement Sprissetto. Cette dernière version s'est entendue des myriades de fois dans les calli de Venise, dans la phrase généralement adressée à un ami : "N'demo bevar un sprissetto! Che tanto le parole da to mujer te le ciapi lo steso…" (Que l'on peut traduire par: "Allons boire un petit Spritz ! Tu te fera de toute façon admonester par ton épouse en réintégrant le domicile conjugal...").


Pour certains c'est un moment de détente après une journée de labeur. D'autres le considèrent comme un rituel (ceux qui ont une carrière d'étudiant universitaire savent bien ce que je veux dire). Il y a celui qui le voit comme un agréable moment de communion avec des amis et celui qui ne saurait en aucun cas y renoncer...


En somme, nous parlons de quelque chose faisant partie intégrante de la culture de la Vénétie. Mais connaissez-vous la vraie histoire du Spritz ? Pour retrouver ses probables origines il faut faire un saut en arrière dans le temps, jusque vers 1800, sous la domination de la Vénétie par les autrichiens. Les soldats, mais également les divers commerçants, les diplomates et les travailleurs de l'empire habsbourgeois, prirent rapidement l'habitude de fréquenter les petits bistrots disséminés dans les villages du Triveneto. Ils eurent par contre un léger problème. Eux qui étaient habitués aux vins de provenance autrichienne, légers et avec un faible degré d'alcool, ils se trouvèrent confrontés à la grande variété de vins plus riches et complexes de la Vénétie. De là l'habitude de demander aux aubergistes locaux de "gicler" (spritzen en allemand) un peu d'eau dans leurs verres de vin pour en réduire le taux d'alcool et les rendre plus légers. Le Spritz original était en fait rigoureusement composé de vin blanc ou rouge dilué avec de l'eau fraîche. D'ailleurs, du temps de nos grands-pères, on commandait un Spritz quand on voulait du vin avec de l'eau et un Spritz macchiato quand il fallait lui ajouter un peu de bitter.


Une première évolution du Spritz arriva début 1900, quand commencèrent à se répandre les siphons pour l'eau de seltz. Par définition, le seltz est une eau très gazéifiée qui accompagne parfaitement bien des cocktails. A la différence de l'eau gazeuse, où les bulles sont ajoutés lors de la mise en bouteille, l'anhydride carbonique est ajouté à l'eau de seltz au moment où elle est servie, au moyen d'une petite bouteille de gaz connectée au siphon. Grâce à l'eau de seltz, originaire de la localité allemande de Selters, il était possible de rendre gazeux même un Spritz à base de vins non mousseux. Cette évolution ouvrit le Spritz à une nouvelle catégorie de clientèle, comme les femmes de la haute société autrichienne, qui pouvaient dorénavant se permettre une boisson légère du point de vue alcool mais avec une touche de glamour dans sa préparation. C'est peut être ce qui fut à l'origine de l'évolution qui a fait du Spritz ce que nous connaissons aujourd'hui, une boisson existant sous un grand nombre de variétés, toutes semblables mais aucune pareille, liées étroitement au territoire et à ses ingrédients.
En effet, chaque région ou territoire a son propre Spritz: A Trieste e Udine on le sert encore liscio (sans adjonction de Bitter ou autre), en Vénétie il est exclusivement à base de Prosecco mélangé avec du Bitter Campari ou de l'Aperol, a Venise on le trouve également accompagné de Select, à Padoue on l'accompagne parfois avec du Cynar, dans le Trentin on le sert avec du Ferrari et dans le Haut Adige on le sert liscio selon la tradition autrichienne mais il prend le nom de Veneziano quand on y ajoute du Bitter ou autre chose.


Mais quelle est donc la recette du vrai Spritz ? Une excellente question qui en réalité n'a pas de réponse proprement dite... Cela parce que s'il est vrai que à la base du Spritz on trouve environ 40% de vin blanc ou de Prosecco et environ 30% d'eau gazeuse, les 30% restants des ingrédients dépendent de la recette secrète que chaque barman garde jalousement, ne la transmettant de génération en génération, avec comme seule constante, la coloration rouge. Tout le monde sait bien qu'il ne boira jamais un Spritz identique dans deux estaminets différents. Et chacun sait où trouver le meilleur Spritz, car correspondant à ses goûts personnels.



Pour terminer, une petite curiosité historique...


Si, comme je vous l'ai racconté l'origine du mot Spritz est autrichienne, mais l'habitude mélanger un peu d'eau au vin pour rendre la boisson plus légère et estivale était répandue bien avant l'arrivée des autrichiens en Vénétie.


A ce sujet, il se raconte une histoire très intéressante en rapport avec l'Arsenale de Venise...

On sait que la Sérénissime prenait un soin particulier de ses ouvriers navals, les arsenalotti. Ils avaient la garantie de la subsistance en cas de maladie, ils étaient nommés gardiens des séances du Maggior Consiglio et ils étaient les rameurs du Bucintoro lors des manifestations officielles du Doge. On leur réservait en outre un traitement spécial journalier que nous pourrions appeler aujourd'hui "goûter"... En effet, dans le courant de l'après-midi, ils avaient droit à une petite pause où on leur servait du pain et du vin rouge pour les revigorer des fatigues du travail. Pendant les grosses chaleurs estivales, le tout était remplacé par une galette et une boisson à base de vin dans lequel on avait ajouté l'eau fraîche d'un puit... Une sorte de Spritz, servi 500 ans avant l'arrivée des autrichiens sur le territoire vénète.