mardi 1 février 2011

La légende des lions de l'Arsenal


Pour tout savoir sur les quatre lions qui gardent la porte de l’arsenal, je vous conseille de vous rendre sur le site de e-venise.com. Vous en apprendrez beaucoup sur eux, leurs histoires et leurs provenances.

Mais je veux vous conter ici une tout autre histoire. Il s’agit d’une légende qui se raconte au sujet de ces lions. Je l’ai trouvée sur le blog de Piera Panizzuti, Venezia Nascosta. En voici une traduction libre…

Les lions en réfection, tels qu'on les voit aujourd'hui.


Dans cette histoire il est dit qu’en novembre 1719, après une tempête de deux jours, on retrouva juste à côté de la porte de l’arsenal les corps horriblement mutilés de deux marins, l’un grec et l’autre maltais. Ils semblaient avoir été agressés par un fauve.

Les autorités cherchèrent à savoir si par hasard un fauve s’était échappé de quelque sérail, mais ils ne trouvèrent rien. Les gens avaient peur et on commença à parler de magie et des lions de l’Arsenal.

La surveillance de la zone fut confiée à la marine et plus spécifiquement au capitaine Enrico Giustinian.


Nouvelle tempête une semaine plus tard. Un autre corps horriblement déchiqueté est découvert au même endroit. C’est celui d’un certain Jacopo Zanchi, une espèce de bon à rien, personnage aussi peu recommandable que sa femme, prostituée à temps perdu et qui habitaient à peu de distance de là. Cet autre événement augmenta encore la terreur parmi les résidents.

Par la suite, Enrico Giustinian assista, ainsi que bien d’autres personnes, à une scène que la veuve Zanchi fit depuis la Calle. Elle s’adressait à un vieux marchand avec réputation d’usurier appelé Foscaro, lequel recevant reproches et injures de la part de la femme, se mit à sa fenêtre et lui dit : « Nous verrons si tu seras encore aussi hardie lors de la prochaine nuit de tempête ! »

Entendant cela, Giustinian décida d’augmenter la surveillance. Six nuits passèrent sans rien à signaler. La septième nuit, la tempête fut de retour.


Le capitaine se cacha près de l’entrée de l’Arsenal et attendit. Finalement, entre minuit et une heure, sous la pluie battante et le vent déchaîné, un arc de feu en provenance des maisons proches matérialisa le vieux Foscaro près des lions les plus grands.

Il se mit à tourner autour de l’un d’eux en effleurant de ses doigts les inscriptions runiques tout en énonçant leur signification.

A ce moment là, un globe lumineux se forma sur le portail et un premier éclair frappa le lion assis. Le lion pris lentement vie devant les yeux de Giustinian, énorme et féroce.

Sur ces entrefaites, la veuve Zanchi, accompagnée d’une amie, tourna à l’angle de la Riva. Pendant qu’un deuxième globe de lumière et un second éclair frappaient le lion couché, le premier agressait sauvagement l’une des deux femmes.


Le vieux observait la scène, impassible. Secoué de terreur, le capitaine tira son épée et frappa l’usurier à la poitrine, juste au moment où un troisième éclair frappait le troisième lion. Avec un rugissement effroyable et une lumière aveuglante tout revint en place. Les lions, immobiles à leur place et, au sol, le corps déchiqueté de l’amie de la veuve, baignant dans une mare de sang. Du vieillard il ne restait qu’un cœur de pierre à côté de la lame du capitaine tombée sur les masegni.

La tête du troisième lion était encore vivante, rugissant et se démenant, désespérément ancrée à un corps de pierre. Giustinian, récupérant son épée, le décapita. La tête ne tomba pas mais explosa en répandant à l’entour une matière noirâtre.

L’enquête démontra que le vieillard était un sorcier qui, ayant été truandé par Zanchi, avait voulu se venger.

Le veuve, devenue folle, fut enfermée dans un asile et la tête du troisième lion fut remplacée… comme on peut le voir encore de nos jours.


4 commentaires:

  1. Merci Aldo, j'adore toutes ces histoires...Bonne journée, a presto !

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  2. merci, Aldo, c'est une histoire passionnante comme toutes celles qui se rapportent à Venise, d'ailleurs..
    Danielle

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  3. Merci pour cette histoire, Aldo!

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  4. @Maïté, Danielle et Stef*
    Merci à vous !
    Quand j'ai trouvé par hasard cette histoire sur le site de Venezia Nascosta, je l'ai trouvé tellement belle que j'ai eu envie de la faire connaître aux personnes de langue française.

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